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De retour de Ouessant
De quelques réflexions ou impressions, mais pas toutes.

Le Salon international du livre insulaire de Ouessant est devenu pour moi depuis des années un voyage presque incontournable, nécessaire, attendu, tant ces cinq jours m'en paraissent vingt, tant le vent, les rochers, le phare du Créac'h sont pour moi un des décors et une des ambiances qui me font chaque année un bien fou.
J'y suis allé en délégation officielle (la première fois, l'année de la Nouvelle-Calédonie, c'était en 2002), seul, avec une compagne, en famille, avec mes filles Léa et Charlotte, des amis etc.
C'était cette année le 15e anniversaire du salon, et si mes comptes sont bons, mon 6e ou 7e salon.

Si le ressourcement a un sens pour moi, c'est à Ouessant.
Lieu tout à la fois de convergence et d'ouverture, dans un espace de liberté. C'est un tout.
Il y a la présence de milliers de livres que je ne cesse de regarder et toucher, du matin au soir, les trajets que je dois faire à vélo, de jour comme de nuit, avec ou sans vent, seul ou en compagnie, les photos que j'aime y faire (moins cette année, mais encore quelques centaines). Ouessant, je le sens passer dans mon corps dans mon esprit et dans mon coeur.
J'y fume beaucoup, j'y bois beaucoup (ah les soirées finies au Ty Korn !), mais physique aussi puisque j'y marche et que j'y fais du vélo.
Ouessant me ravigore et me stimule parce que je m'y sens comme chez moi tout en sachant que cela n'est pas chez moi. J'ai de moins en moins de toute façon la notion d'un chez moi, et de plus en plus celle d'un ici ou d'un là où je suis à un moment donné, imprévisible et changeant sans cesse.


Mais Ouessant est avant tout l'endroit où je retrouve avec de plus en plus de plaisir chaque année des gens que je connais et que j'aime (rencontrés lors des précédents salons ou que je connaissais d'avant, comme Anne Bihan) et des nouveaux qui viennent de tous lieux de la planète, aux parcours et histoires variés. Vrai lieu de rencontres et d'échanges. Il ne s'agit pas d'un simple bonjour ça va ? mais d'une semaine passée ensemble avec ce point de ralliement quotidien qu'est la cantine des îles où chacun peut s'asseoir et discuter avec qui il veut, qu'il soit quidam, éditeur, écrivain, poète perdu ou touriste, marcheur, archéologue ou ornithologue, habitués des salons ou juste amateurs des îles ou des natures encore non dégradées par l'homme, ou tout simplement paumé... Certaines rencontres se font dès le premier jour, et s'enrichissent tout au long du salon, d'autres arrivent à la fin, aussi courtes qu'intenses laissant espérer qu'elles continueront ailleurs ou du moins l'année prochaine à Ouessant!
Quand on quitte Ouessant, on croirait qu'on part à la guerre. On agite son écharpe et on quitte ceux qui sont sur le quai avec un grand frisson et presque des larmes. On était prévenu : qui voit Ouessant voit son sang.
Je n'oublie pas les bénévoles, jeunes ou âgés qui sont là, la plupart fidèles au salon depuis des années, certains qui ne viennent au salon que pour lui, d'autres qui sont là depuis toujours, véritables icônes (je pense aux dames qui chantent les roses de Ouessant) ou d'autres encore jeunes et que l'on voit grandir d'année en année...


Ouessant c'est comme un voyage en train mais qui durerait plus que le temps d'un entre-deux-villes, un peu comme si un groupe avait décidé de faire ensemble le transsibérien, la traversée du désert australien ou de la Cordillière des Andes, avec assez de temps pour se dire l'important et pas assez pour se mentir. C'est aussi comme si on faisait ensemble la traversée sur un même voilier au hasard d'îles inconnues...
On pourraît dire aussi que c'est à la fois un voyage en terre connue avec des gens inconnus, ou au contraire en terre inconnue avec des gens connus ayant le même centre d'intérêt : la littérature " insulaire ".
Qu'on ne m'emmerde pas sur les épithètes, les attributs ou les adjectis quels qu'ils soient, qualificatifs ou non. Les fondateurs du salon l'ont ouvert à tous, du moment qu'ils vivent dans une île ou que leur écriture soit concernée par le thème de l'île en général. Je comprends cela : Thiron-Gardais est aussi une île... Mais ce n'est pas le sujet de cette page. Chacun je pense a son concept d'île et son (ou ses) îles à soi.
L'expérience est risquée mais excitante. Chacun en repart différent de ce qu'il était à l'arrivée. Jamais indifférent. Un peu comme à la messe si j'en crois ce que disait mon curé à Bérou-la-Mulotière : " On en ressort forcément ou meilleur ou plus mauvais, mais jamais identique. ".

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Il y a des années où l'on repart en disant : c'était bien, d'autres en disant : c'était super. Cette année était pour moi une année que je n'oublierai pas pour plusieurs raisons : les interventions (conférences, tables rondes...) étaient non seulement d'un bon niveau mais aussi très intéressantes (je pense en particulier aux recherches de Jean-Michel Racault, à Éric Auphan, Eric Fougère...), certains spectacles ou animations étaient de grande qualité (je pense à ça va aller de Clarence Boulay, à l'exposition du graveur Emmanuel Gatti, au retour de 12viesdaniel ...). Et des raisons personnelles (comme par exemple la visite de mon amie Anne Guillou).
Ouessant est un révélateur des sentiments et des âmes.

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Et puis bien sûr le plaisir de voir mes filles si heureuses d'être à Ouessant (pour la troisième fois) profiter de leur belle jeunesse et demander de revenir l'année prochaine...

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De même qu'à mes yeux il y a au Ty Korn ( en breton "la maison du coin" ) un IN (rez-de-chaussée où il y a le bar), un OUT (dans la rue), un UP (à l'étage) et un AFTER ( de nature diverse et souvent improvisé, l'AFTER se passe, fréquemment jusqu'au lever du jour, sur la plage, chez des particuliers, sous le phare du Creach...), il y a un Ouessant OFF. Celui dont on ne parle pas, que tout le monde ne connaît pas, que certains ne soupsçonnent même pas ou ne veulent pas voir. Il y a par exemple les rencontres amoureuses, il y a les femmes sans leur mari, les maris sans leur femme, les deux ensemble... Il y a aussi des regards , des regrets, des fantasmes, et tout ce qui alimente la littérature depuis des siècles. Il souffle à Ouessant du grand vent et de la liberté cachée. Tout le monde ne le supporte pas. C'est du Off je n'en parlerai donc pas.
Mais rassurez-vous, âmes puritaines, à ma connaissance il n'y a pas encore d'enfants du salon.
Quinze ans, c'est encore un peu jeune. Mais qui sait un jour, il ne faut pas désespérer !

Ty Korn IN TyKorn OUT entre l'OUT et l'AFTER

François tu peux te rassurer : les gens du numérique ont bien travaillé et ils sont tous formidables (Gwen, Morgane, Laure...). On peut lire en ligne aussi le travail de Global magazine, le blog de Gwenaëlle Abolivier (commencer là) et autres réseaux sociaux...

Isabelle, Joëlle, Anne, Éric, Henry, Gwenaëlle, Laurence, Peggy, Laure, Gwen, Alexis...Le salon du livre insulaire de Ouessant c'est toute une histoire mais c'est aussi la nôtre, la vôtre, la leur...


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